Télérama - n°3207 - Une lampe dans la lumière aride et Aveuglante ou banale

 Télérama - n°3207 - Une lampe dans la lumière aride  et  Aveuglante ou banale
02 juillet 2011

Une lampe dans la lumière aride  et  Aveuglante ou banale

André du Bouchet

La beauté des deux ouvrages d'André du Bouchet qui paraissent aujourd'hui n'est pas étrangère à l'oubli dans lequel le poète et essayiste est plongé depuis sa mort, il y a dix ans. Un effacement fruit d'une clairvoyance dérangeante. L'écriture d'André du Bouchet frappe par sa clarté tour à tour silencieuse et fracassante. Sa lucidité sur le paradoxe de sa double activité littéraire est frappante : « La critique marque invariablement un pouvoir, alors que la poésie dégage souvent une impuissance. » Tout n'est qu'appel à la curiosité, au recueillement, chez cet homme secrètement terrassé par l'angoisse et le doute. En mars dernier, sa fille Paule a ramassé les cailloux qu'il avait jetés sur les bas-côtés de son chemin tortueux, pour écrire Emportée (éd. Actes Sud), un récit autobiographique au creux duquel il chuchote, effacé. Voici que la réédition de ses essais et notes lui rend une place encore plus grande. « Je crache l'air qui me crible, ai-je bien raison », griffonne-t-il dans son cahier, le 21 mars 1950. La réponse est dans l'infini réconfort qu'apporte la lecture de ses textes aujourd'hui.

                                                                                                  Marine Landrot