A paraître

La Mort d’Empédocle
Domaine : Allemand

La Mort d’Empédocle

Friedrich Hölderlin

Parution avril 2025

Traduction de l’allemand et présentation par Jean-Claude Schneider.

312 pages I 13,5 x 20,5 cm
ISBN 978-2-35873-209-3
24 €

Devenue introuvable, la traduction de Jean-Claude Schneider, largement revue et corrigée pour la présente édition, est ici suivie de « Fondement pour Empédocle » traduit de l’allemand par Clément Layet, qui prolonge son édition de ce texte théorique de Hölderlin par un important essai inédit : « La Nuit énigmatique du temps. »

Après le roman Hypérion, dans lequel un jeune Grec moderne exprime son regret de la plénitude de la Grèce antique, Hölderlin tente, en 1798 de son désir de se mesurer à la tragédie grecque, « la plus rigoureuse de toutes les formes poétiques » et choisit pour thème l’histoire d’Empédocle, ce philosophe présocratique : « le grand Sicilien qui, jadis, las de compter les heures, proche de l’âme du monde, malgré son téméraire goût de vivre, se jeta dans les flammes admirables » de l’Etna.
Hölderlin a écrit trois versions de cette pièce, restées toutes les trois incomplètes. Les trois sont traduites ici. Elles ont chacune leur couleur propre, la première est celle où, sous l’habit grec, c’est un Jacobin (nous sommes à l’époque de la Révolution française) qui prêche la liberté, l’égalité et la fraternité, appelant de tous ses vœux le nouvel ordre social. Dans la deuxième version, le héros apparaît davantage comme un fondateur de religion. Dans la troisième, Empédocle n’est plus « plus qu’une âme brûlant déjà dans son corps d’homme avant d’aller, pour le fondre avec les éléments, le précipiter dans le feu de la terre ».
Traducteur de ces trois fragments, poète lui-même, Jean-Claude Schneider, pour qui « Hölderlin aujourd’hui, c’est d’abord une langue » a tenté de faire passer en français les particularités de cet allemand si neuf et « en rébellion contre l’harmonie » qu’il décrit dans sa préface, tout en restant soucieux d’aboutir à un texte qui a vocation à être dit sur la scène.
Le livre est enrichi par la traduction nouvelle de l’important texte théorique écrit en 1799 par Hölderlin avant sa troisième tentative. Le remarquable essai de Clément Layet qui suit sa traduction va bien au-delà d’une simple postface. Désireux d’éclairer cet ensemble « particulièrement abrupt » et de rétablir une unité entre le poème dramatique et l’essai il montre en quoi la conflictuatlié fondamentale qui était au cœur de la pensée du philosophe grec correspond au conflit intérieur présent chez Hölderlin. Et c’est le sens même du destin du poète allemand qu’il présente sous un nouveau jour, en résonance avec notre présent. Sans éviter la question que pose la récupération de la poésie de Hölderlin par les nazis : n’y a-t-il pas quelque chose de « pourri » (comme l’avait écrit Paul Celan) dans l’idéalisation du sacrifice que représente La Mort d’Empédocle ?

Les Solitudes
Domaine : Espagnol

Les Solitudes

Luis de Góngora

Parution mai 2025

Édition bilingue
Traduction de l’espagnol par Philippe Jaccottet
Précédé de « Góngora et nous » par Giuseppe Ungaretti

232 pages I 10,7 x 17 cm
ISBN 978-2-35873-205-5
Poésie en poche n° 5
13 €

Chef-d’œuvre inachevé du plus grand poète du Siècle d’or espagnol, Les Solitudes n’ont été véritablement publiées qu’après la mort de Góngora, mais des copies manuscrites circulent dès 1613 suscitant aussitôt une polémique entre adversaires et défenseurs de la nueva poesia. Les accusations d’obscurité et d’affectation se prolongeront pendant un demi-siècle. Ce long poème narratif est écrit dans un genre aussi nouveau par le sujet (la vie rustique) que par la forme (la silva) où se mêlent librement les vers de 11 et de 7 syllabes, permettant à Góngora d’y déployer ses phrases sinueuses, foisonnantes de métaphores. L’argument, résumé par Ungaretti, en est le suivant : un jeune homme, repoussé par celle qu’il aime, aborde après un naufrage à un rivage. Des chevriers l’accueillent. Le lendemain, il rencontre des montagnards chargés de cadeau de mariage. Il est invité à la noce par un vieillard qui se lance dans une longue diatribe contre l’ambition. Puis c’est la description des fêtes nuptiales. Dans la seconde solitude dite « des fleuves », on retrouve le naufragé mêlé à des scènes de pêche et d’amour, au quatrième matin il assiste, de sa barque à une chasse au faucon.

Mais, comme l’écrit son traducteur français : « on ne doit pas se laisser égarer par l’affabulation outrageusement conventionnelle des Solitudes ; l’histoire de cet amoureux “dédaigné, naufragé outre qu’absent” n’est qu’un cadre à l’intérieur duquel peut déferler toute la richesse du monde : prés, plages et forêts ; agneaux, lions, serpents et faucons ; océans et promontoires ; toutes les espèces d’eaux, de feux et de lumières ; astres et vents ; comme, aussi bien, tous les travaux et les plaisirs des hommes, de la plus petite chose qu’il prend dans sa main pour la manger, huître ou noix, aux plus vastes espaces qu’il aborde et jalonne. » Plus encore, ce qui fait de Góngora un maître, c’est que la tension verbale et l’acuité du regard (transcrite sans aucune perte dans les mots) est « au service des métaphores qui, inventées, reprises et mises en jeu avec maîtrise, audace et enthousiasme, produisent à partir du réel un monde nouveau, dont les limites sont autrement réparties, l’éclat plus souverain et plus exaltant. »

LA TRADUCTION
Ce livre a été publié une première fois aux éditions La Dogana en 1984. Mais Philippe Jaccottet avait entrepris cette traduction dès 1960, pour une publication aux éditions Maeght, avec des illustrations d’Alberto Giacometti, projet finalement abandonné. Jaccottet est revenu à l’œuvre de Góngora et traduit plusieurs de ses sonnets lorsqu’il a établi, en 1969, l’édition d’Innocence et mémoire d’Ungaretti et traduit l’essai « Góngora et nous » que nous faisons figurer en préface à ce livre.

Perdu à jamais

Perdu à jamais

Theodor Fontane

Parution juin 2025

Ce chef-d’œuvre de Fontane avait été traduit sous le titre Jours disparus dans le volume Bouquins où Claude David avait réuni en 1992 quatre romans de Fontane avec le texte de Thomas Mann. Ce volume est épuisé depuis longtemps et le roman n’a jamais été publié séparément en français. La traduction de John E. Jackson, poète, auteur de nombreux essais critiques, dont De l’expérience poétique publié récemment au Bruit du temps, réussit à être d’une grande élégance tout en restant extrêmement fidèle à l’original sans en gommer les complexités.

Sous jaquette illustrée
352 pages I 13,5 x 20,5 cm
ISBN 978-2-35873-210-9
25 €

Traduction de l’allemand, préface, notes et chronologie par John E. Jackson

 

À propos de l’auteur
Du même auteur :

Roman
Paru en 1891, Perdu à jamais [Unwiederbringlich en allemand] constitue avec Effi Briest et Le Stechlin l’un des plus beaux récits de Theodor Fontane (1819-1898) dans lequel Thomas Mann puis, plus tard,
Günter Grass s’accordèrent pour reconnaître le plus grand romancier allemand du XIXe siècle. Située dans la province du Schleswig-Holstein (alors objet de querelle politique et militaire entre la Prusse et la Danemark) ainsi qu’à Copenhague, cette histoire d’amour à la conclusion tragique permet au lecteur d’admirer non seulement la maîtrise avec laquelle le récit est construit et mené mais aussi, et surtout, le génie avec lequel Fontane déploie un art de la conversation dont il n’est guère d’exemple en France avant Le Côté de Guermantes. Roman de société, Perdu à jamais est simultanément le tableau de la dégradation progressive d’une union conjugale dans laquelle les valeurs amoureuses aussi bien que les valeurs morales, sont ressaisies dans un équilibre qu’on ne peut qu’admirer. Si Fontane tient en effet la gageure d’accompagner ses protagonistes, le Comte Helmuth Holk et son épouse, Christine, sans jamais se départir d’une sorte de neutralité bienveillante capable de rendre justice à l’un et à l’autre, et sans jamais permettre à son récit de verser dans des jugements unilatéraux, son sens de la magie romanesque fait apparaître en même temps toute l’action dans une lumière aussi mélancolique que séduisante. Si les personnages évoluent dans des sphères à la fois élevées et différenciées (le château solitaire de Holkenäs près de Flensbourg et la cour de la vieille princesse Marie Éléonore du Danemark), le feuilleté social n’en est pas moins respecté grâce à la présence de personnages secondaires (les enfants du couple, les pasteurs, les domestiques) dont le relief s’impose aussi et contribue à rendre le récit inoubliable.