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Traduction du grec, préface et notes de Gilles Ortlieb
850 pages I 13,5 x 20,5 cm
ISBN 978-2-35873-211-6
Illustré de photographies pour la plupart prises par Séféris lui-même.
Chronologie 1925-1971.
Index des noms de personne.
34 €
LA PREMIÈRE TRADUCTION INTÉGRALE DU JOURNAL DE GEORGES SÉFÉRIS
Le présent volume, avec lequel s’achève notre traduction intégrale des 9 tomes de l’édition grecque des Journées, peut légitimement apparaître, dans la lignée du précédent, comme le livre « total » d’un poète, d’un diariste et d’un diplomate qui serait en même temps essayiste, historien, épistolier, photographe, traducteur, mélomane et lexicographe à ses heures.
Notre premier tome s’achevait sur les journées glaçantes du mois de décembre 1944, avec ses manifestations, ses combats de rues et ses tueries, annonciateurs de la guerre civile qui allait bientôt écarteler le pays. La nomination de Georges Séféris au poste de conseiller d’ambassade à Ankara, en 1948, lui permettra d’y échapper en grande partie, mais en aiguisant le sentiment douloureux et ambulant que la Grèce lui inspire depuis toujours. Tout comme le feront ses missions successives, à Londres d’abord, au début des années 50, et dans les pays du Moyen-Orient ensuite (Liban, Syrie, Iraq, Jordanie), à nouveau sillonnés pour l’occasion en tant qu’ambassadeur itinérant. À la fin des années 50, et jusqu’à son retour définitif en Grèce en 1962, le voyageur impénitent qu’il avait été jusqu’alors paraîtra s’estomper devant celui qui est entre-temps devenu l’ambassadeur de Grèce en Grande-Bretagne, dernière étape d’une longue, pesante, carrière diplomatique. En Angleterre même, l’ambassadeur finira par s’effacer devant le poète lorsque viendra le temps des honneurs et d’une reconnaissance d’autant plus assurée, dirait-on, qu’elle aura été relativement tardive, et qui culminera avec l’attribution du prix Nobel de littérature, en novembre 1963. La petite dizaine d’années qu’il lui restera à vivre, il les passera à arpenter son Ithaque retrouvée, tel un Ulysse réconcilié – même si les toutes dernières seront assombries et rendues mutiques par la dictature des colonels et la chape de plomb que ceux-ci imposent au pays.
Au centre de ces pages, il y a, dans les années 1950 la découverte émerveillée de Chypre à l’automne 1953, comme une sorte de miracle venant en quelque sorte réparer la désolation que fut le retour au paradis perdu de son enfance, Skala, lors d’un voyage en Asie Mineure. On y trouvera aussi l’évocation de ses amitiés lumineuses avec T.S. Eliot, Saint-John Perse, Yves Bonnefoy, ses rencontres avec Henri Michaux, Paul Éluard, Dylan Thomas ou Pierre Leyris – qui contribuent à faire de lui notre quasi-contemporain – et, surtout, le lien indéfectible qui l’unissait à son pays, la Grèce, dans sa grandeur et ses petitesses. Mais au-delà de la radiographie d’une époque et d’une identité, cette somme est d’abord, et avant tout, le vademecum d’un poète qui ne cesse de s’interroger sur son art, à la recherche des conditions qui lui permettront de s’acquitter au mieux de sa tâche. Car c’est au poète, aussi bien, qu’il revient « d’incarner sous sa forme la plus achevée la dimension spirituelle de l’aire hellénique, dont il se trouve être le porte-parole le plus responsable ».
Deux volumes sous un élégant coffret cartonné.
Tome I Journées 1925-1944, 832 p.
(ISBN 978-2-35873-170-6)
Tome II Journées 1945-1971, 850 p.
(ISBN 978-2-35873-211-6)
ISBN 978-2-35873-212-3
68 €
Coffret
Ce précieux coffret, dont le tirage a été limité à 500 exemplaires, réunit les deux volumes de la première traduction intégrale du journal du poète grec Georges Séféris (1900-1971), premier écrivain de son pays à recevoir le prix Nobel de littérature en 1963.
L’image choisie pour l’illustrer est une peinture à la tempéra de Nicolas Ghikas, qui fut l’ami de Séféris, et à qui l’on doit le portrait qui apparaît en frontispice de The King of Asine and other poems, la première traduction anglaise du poète, parue en 1948.
« Dimanche 12 janvier [1941]
Chez Ghikas, que je revoyais après de nombreux mois. C’est la première fois, depuis le début de la guerre, que je le trouve au milieu de ses outils de travail : pinceaux, couleurs, toiles. J’ai quitté le ministère tard dans la soirée, dès que l’alerte a été levée : je ne voulais pas être en retard. Un jeune Anglais était là aussi, avec sa femme. À table, la conversation a porté sur l’art. Puis un autre officier anglais a fait son apparition (Woodhouse : il connaît le grec et parle d’Eliot), en compagnie d’un ami, mitrailleur à bord d’un avion. Ghikas nous montre les dessins auxquels il travaille pour illustrer l’Odyssée de Kazantzakis : des corps nus au trait épais, sans ombrage. Le mitrailleur les regarde à son tour, avant d’exprimer son avis d’une voix très bégayante. Nous nous sommes séparés peu après minuit.
À peine étions-nous sortis dans la rue que ce petit homme à l’élocution ralentie, aux yeux malins, qui fumait la pipe, s’est dirigé vers une voiture qui l’attendait : « Good night, I must fly ! » La phrase fut prononcée sans aucune difficulté. Pendant un instant j’ai songé à toutes ces images qui viendraient se bousculer dans sa tête, si son avion venait brusquement à tomber : la barbe d’Ulysse, le corps dénudé d’Hélène, les cornes du Minotaure – toutes ces lignes embrouillées qui rivaliseraient pour le maintenir en vie, comme un parachute.
Une phrase résonne dans ma tête depuis plusieurs jours : se forger une âme nouvelle. »
Georges Séféris, Journées 1925-1944, p. 473.
148 pages
11,5 x 17 cm
ISBN 978-2-35873-213-0
13 €
La nouvelle de Thomas Mann, écrite en 1912 et publié l’année suivante, devenue universellement célèbre à travers le film qu’en a réalisé Luchino Visconti, met en scène un grand écrivain vieillissant, maître de son art et déjà devenu un classique enseigné dans les écoles, auteur de livres profondément moraux, qui éprouve, à la suite de l’impression fugitive que lui a faite l’échange d’un regard avec un étranger, une soudaine envie de voyage. Il quitte Munich pour Pula, sur la côté de l’Adriatique mais c’était à Venise qu’il souhaitait vraiment aller et il s’embarque donc bientôt pour la cité des Doges. À peine descendu au grand hôtel des Bains au Lido, la « beauté prodigieuse » d’un jeune garçon dans un groupe de jeune filles avec une gouvernante, le laisse confondu. Dès lors, il va peu à peu se laisser gagné par sa fascination et ne parviendra pas à quitter Venise, conforté dans sa passion par la lecture du Phèdre de Platon, où il est dit que la Beauté est la voie qui mène l’homme sensible à l’esprit. Ainsi égaré, ni le climat devenu étouffant avec l’arrivée du sirocco, ni les premiers signes qu’une épidémie de choléra menace Venise, ni même un cauchemar où il assiste et participe à une orgie dionysiaque, ne suffiront à dissiper son aveuglement. Atteint par la maladie, l’auteur du Misérable, un roman « où il s’était élevé dans un style d’une pureté exemplaire contre la bohème et tous les troubles des bas fonds », n’est bientôt plus qu’une épave fardée qui poursuit le jeune homme en ressassant les phrases du Phèdre sur « les poètes qui ne peuvent rester sages ni dignes ». Les bagages dans le hall de l’hôtel lui apprennent bientôt le départ prochain de celui qu’il aime. Mais la dernière vision qu’il a de l’adolescent, marchant sur une île du Lido, « n’était-ce pas comme si le pâle, l’adorable Meneur des morts là-bas lui souriait, lui faisait signe ? comme si, détachant la main de la hanche, il indiquait une voie, comme s’il le précédait en glissant vers des immensités prometteuses ? »
320 pages env., une vingtaine d’illustrations
13,5 x 20,5 cm
ISBN 978-2-35873-214-7
32 €
Écrits
Historien de l’art et commissaire d’exposition, Florian Rodari, qui débuta très tôt sa carrière au Cabinet des estampes de Genève, avait réuni aux éditions Gallimard, il y a bientôt dix ans, une partie de ses essais sur l’art, mais en limitant son choix à ceux qui traitent du domaine de sa compétence première, c’est à dire au dessin, à la gravure et à la photographie, et donc au domaine du noir et blanc. Albane Prouvost, qui signe l’avant-propos de ce nouveau livre, l’a incité à réunir une grande part de ses autres écrits, d’origine et de dates très diverses. Ainsi, de Balthus à André Volkonski, l’univers déchiffré s’élargit-il aux violences somptueuses des couleurs de Bram van Velde, à « l’irruption de l’inconnu » dans la voix d’Angelika Kirchschlager, à « l’onde de choc » que provoque chez lui la poésie de Jacques Dupin. Et donc à la peinture, à la musique, à la littérature et, au-delà-même des œuvres, aux êtres et aux lieux qui ont été des rencontres capitales ; à tous ces foyers lumineux qui, au cours d’une vie, sont venus nous faire signe, « nous avertir de la présence encore voilée d’une vérité essentielle que pour rien au monde il ne faudrait laisser échapper. »
Comme le note la préfacière, « les textes réunis dans ce livre n’obéissent pas à un projet mais à une logique intérieure très ferme, à un feu intérieur qui dessine en creux une vision exigeante de l’art, de la poésie autant qu’un portrait de l’auteur en jeune homme ardent. » Et n’est-ce pas, en effet, comme elle le laisse entendre, marcher sur la tête que de vouloir encore, l’âge venu, rester dans cet état d’émerveillement que l’on a éprouvé, enfant, en voyant pour la première fois s’ouvrir le rideau rouge du théâtre guignol, et de s’obstiner, avec le même enthousiasme juvénile, avec la même attention exigeante, à en déchiffrer fidèlement, avec les mots les plus justes, le mystère ?