Après les Ambassadeurs, Jean Pavans retraduit un autre classique du maître américain Henry James.
HENRY JAMES (1843-1916) a trouvé depuis trente ans un passeur exceptionnel en France en la personne de Jean Pavans, traducteur passionné, empathique et virtuose, doué d'une intime et inégalable compréhension de son oeuvre et de la respiration si singulière de sa phrase - et de la faculté corollaire d'éclairer pour nous les somptueuses opacités du maître américain. Dix ans après avoir retraduit pour les éditions Le Bruit du temps Les Ambassadeurs, que l'écrivain considérait comme son chef-d'oeuvre, c'est un autre roman majeur que Pavans nous offre à (re)découvrir : LES AILES DE LA COLOMBE (1902), ou l'histoire cruelle et bouleversante de Milly Theale, jeune héritière américaine malade, prise dans les rets féroces d'un couple d'Anglais corrompus. Au récit de cette manipulation, de cette innocence violentée, Henry James apporte toute la complexité digressive, les nuances labyrinthiques qui fondent son génie. On est frappé par l'extraordinaire présence de Milly Theale, "colombe" pleine de grâce, jeune femme se sachant promise à une mort prochaine et que l'auteur tint à dépeindre non comme défaite ou effondrée, mais au contraire comme animée d'une "envie d'arracher encore à ses heures fuyantes autant de fruits de la vie que possible". C'est ce qu'expliquait l'écrivain dans la très belle préface, ici reproduite en fin de volume (ainsi que quelques lettres et des extraits de ses Carnets de travail), dont il dota en 1909 cet irrésistible et inépuisable chef-d'oeuvre.
Par Nathalie Crom