Le couple menacé
Mort de la tuberculose à Vence en 1930, à l'âge de quarante-cinq ans, David Herbert Lawrence reste un écrivain fascinant. À la fois fin analyste des méandres de la psyché et chantre de la sensualité, en avance sur son temps quand il mettait en évidence le rôle majeur de la sexualité dans la destinée individuelle. De lui on connaît surtout ici son roman phare, L'Amant de Lady Chatterley, qu'il fit imprimer à compte d'auteur en 1928 à Florence. Mais l'écrivain anglais, natif d'une petite ville minière du Nottinghamshire, a publié de son vivant nombre d'autres romans, nouvelles ou essais.
Les éditions Le Bruit du temps, qui poursuivent la publication de l'intégralité des nouvelles de l'auteur, sur la base de la Cambridge Edition, en sortent un troisième tome. Il s'agit de Chère, ô chère Angleterre, un volume rassemblant les nouvelles écrites pendant la Grande Guerre et avant le départ définitif de Lawrence de son pays en 1922. On y retrouve le ton très direct de l'écrivain, hanté par les relations de couple, entre exaltation, tensions, peur de la perte de l'autre. À l'image de la nouvelle éponyme du recueil, l'histoire d'un couple uni par une forte passion charnelle, compromise par l'arrivée des enfants, le déclassement du père, voué à de petites tâches, et bientôt par le spectre de la guerre.
Lawrence s'est enthousiasmé pour les civilisations indiennes, lors des années 1922-1925, quand il vécut aux États-Unis et au Mexique. Le même éditeur ressort un volume très élégant, Matins mexicains et autres essais inspirés par cet emballement pour la splendeur des lumières du sud qui éveillent toutes les ressources de l'âme.
Alain Favarger