Ouest-France - Bretagne - Brest - L'âpre beauté des poèmes de Denis Rigal

 Ouest-France - Bretagne - Brest - L'âpre beauté des poèmes de Denis Rigal
23 mars 2013

L'âpre beauté des poèmes de Denis Rigal 

Né en 1938, Denis Rigal a enseigné les littératures de langue anglaise à Brest. Il vient de sortir un nouveau recueil de poésie, Terrestres. Un homme plein de verve et d'humour.

Entretien

Denis Rigal, 75 ans. Originaire de Haute-Loire, il vit depuis près de cinquante ans en Bretagne, où il a enseigné les littératures de langue anglaise à l'UBO. « Ses poèmes, selon son éditeur, posent la question de ce que signifie la beauté dans un temps de détresse, alors que plus personne ou presque n'ose la célébrer, dans un monde exclusivement terrestre. »

Qui est Denis Rigal, l'homme, le poète ?

Ha ! Je suis une « vieille bête ». Je suis né en Auvergne, j'habite la Bretagne depuis des temps immémoriaux, 1963-1964, par la bonne grâce de la Marine nationale. Puis j'ai été nommé à la fac. Et je suis resté. J'ai commis quelques oeuvres en prose mais l'essentiel c'est la poésie ! La prose, c'est écrit de la main gauche disait l'autre ! C'est vrai, ce n'est pas inintéressant, ce n'est pas méprisable mais... Ce n'est pas ma vocation, je suis trop... sec. Pour cela, il faut être plus bavard que je ne le suis. Mon inspiration, elle vient d'« en bas » : si vous me demandez ce qu'est un poète, je vous dirai « troubadours ». Mes origines culturelles sont du Midi, la langue d'oc. Comme poète, ça doit se voir : une approche linguistique du sud, posée sur des paysages bretons, des paysages de fin du monde.

Vous avez publié beaucoup d'ouvrages ?

J'ai publié des poèmes autrefois chez Rougerie. Ils ne doivent plus être disponibles, j'aime autant. Un recueil chez Folle Avoine (Fondus au noir), dont je n'ai pas honte, un autre chez Gallimard (Aval) un troisième qui sort ces jours-ci chez le Bruit du temps (Terrestres).

Comment avez-vous été publié chez Le Bruit du temps ?

Après Gallimard, j'ai fait le tour des éditeurs de poésie – il n'y en reste pas beaucoup par temps de crise économique – et j'ai atterri chez la maison d'édition d'Antoine Jaccottet qui a trouvé ça épatant. J'espère qu'il a raison (sourire). On va voir si les lecteurs sont du même avis.

Comment construisez-vous vos poèmes ?

Je tiens à tenir un nombre de vers constant. Je suis un classique au fond, pas un romantique ni un grand lyrique. Il est rarissime que je développe à partir d'un sujet, alors j'écris des poèmes courts. Pendant longtemps, et tous les débutants passent par là, je mettais deux poèmes en un. Forcément, ça coince. La plupart des poèmes dont je n'étais pas satisfait étaient souvent liés à ça.

Vendredi 5 avril, 18 h 30, la Petite Librairie : soirée poésie avec Denis Rigal et Antoine Jaccottet, qui a créé les éditions Le Bruit du temps.