Chronique Grappillage (extrait)
C’est au « Bruit du temps » que Jean-Claude Caër a confié son « journal » d’un voyage au Japon, sous le titre Devant la mer d’Okhotsk, cette mer devant laquelle il espère « retrouver des forces vives » quand il se pense « Loin de tout ». Car la découverte de ce pays est une épreuve malgré les joies qu’elle génère. Caër, au-delà des moments de fatigue et de découragement (notamment à cause de la « barrière » de la langue), sait partager avec simplicité ses ravissements visuels : « Kyôto le soir / deux amis font des courbettes / Dans le quartier de Gion / Sous leur grand parapluie. Quel plaisir de les regarder ! » Il n’oublie pas de relire Eloge de l’ombre de Tanizaki Jun-ichiro ; il va sur la tombe de Mishima, qu’il ne trouverait pas sans une amie qui le guide. L’observation des mœurs, la visite des temples sont des moments passionnants de cette poésie constamment juste, c’est-à-dire ajustée aux événements. Et j’ai été notamment très ému pars les derniers poèmes adressés A (ses) fils (« Je reviens vers vous, mes fils, qui vivez à Montmartre depuis votre enfance »…) comme à sa mère disparue, avec ce final, message d’espérance : « Ton âme qui n’est pas mon âme demeure ».
Par André Ughetto