Telerama en ligne, Les flâneries nippones de Philippe Denis, par Youness Bousenna

 Telerama en ligne, Les flâneries nippones de Philippe Denis, par Youness Bousenna
29 avril 2021

Philippe Denis fréquente les maîtres japonais du haïku depuis bientôt cinquante ans. Mais, n’étant pas un locuteur du japonais, ce poète, par ailleurs traducteur d’Emily Dickinson, s’interdisait toute traduction, qui eût été trahison : « Les traduire ? Je n’y songeais pas, et je n’y songe pas davantage aujourd’hui. » Il s’est donc librement inspiré des haïkus de Matsuo Basho, Yosa Buson, Kobayashi Issa et Masaoka Shiki dans des Inventions qui lui autorisent « quelques flâneries entre ce qui fut écrit et ce qui ne le fut pas ». Les haïkus, inspirés par la magie des saisons, de la météo et des vivants, saisissent la beauté du monde en même temps que les nostalgies du fugitif : « C’est le soir, c’est l’automne. / Tout simplement / je songe à mes parents. » Ces Inventions sont suivies par un petit texte du seul Masaoka Shiki (1867-1902), lequel date des dernières années de sa vie, alors qu’une hémoptysie l’avait condamné à la réclusion. Ces Notes sur des pivoines parlent de la douleur du poète aux prises avec la grâce fragile des choses : « Pourquoi ne pas mourir / en mordant dans une pomme, / face aux pivoines ? » Philosopher pour apprendre à mourir ? Le haïku, lui, nous en console.

Par Youness Bousenna