D.H. Lawrence l'incendiaire
Trois livres remettent à l'honneur l'écrivain britannique, dont le génie rageur et prolixe traversa son époque avec brio.
[…] Convergence d’attention, Lawrence est encore à l’honneur au Bruit du temps : outre les magnifiques Croquis étrusques, il y a quelques mois, cette jeune maison d’édition a entrepris de publier ses nouvelles complètes, dont voici le deuxième volume, dans une traduction de Marc Amfreville. Une des nouvelles a pour titre « L’épine dans la chair », un titre qui, de l’aveu même de Lawrence, eût pu convenir à la plupart des autres du recueil. La citation de saint Paul à quoi il fait allusion est familière aux lecteurs protestants : « Et pour que je ne sois pas enflé d’orgueil, à cause de l’excellence de ces révélations, il m’a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan pour me souffleter et m’empêcher de m’enorgueillir. »
Peut-être n’est-ce pas trop conjecturer que de voir en cet ange des ténèbres le gardien de l’ancien éden, celui de l’innocence de la chair, ce « repos d’une paix sans mélange » perdu à peine entrevu, où les hommes délivrés d’eux-mêmes parleraient enfin le même langage que « les lilas violets qui se pressent sur les pelouses vertes » ou que « les montagnes brillant dans le silence, pures, comme façonnées dans le minerai du ciel… »
Philippe Barthelet