« Renard-Pèlerin » de Paulette Choné
Dans un texte inspiré, Henri Focillon (1881-1943), bourguignon et grand historien de l’art, voyait en Jacques Callot, graveur et peintre lorrain du début du XVIIe siècle, « un écrivain français » qui « tient sa pointe comme une plume à écrire ». Mais en dehors de l’œuvre gravé de Callot, il ne reste que quatre lettres. Une lacune qui a incité l’auteur, la meilleure spécialiste actuelle du grand dessinateur, à rédiger ces mémoires apocryphes. Lorsque les universitaires se lancent dans le roman historique, le pire est à craindre. Disons tout net que Paulette Choné a réalisé un chef-d’œuvre. Non seulement elle ne verse ni dans l’anachronisme ni dans le pastiche, mais elle a conçu ces mémoires comme l’art de Callot, un art parfaitement maîtrisé et méthodique. Coule une musique originale, à nulle autre semblable, que l’on conserve en tête longtemps après avoir quitté ces pages.
Frédéric Valloire