Howards End. Le Legs de Mrs Wilcox
Domaine : Anglais

Howards End. Le Legs de Mrs Wilcox

E.M. Forster

En librairie depuis le 3 juin 2022.

Traduit de l’anglais par Charles Mauron
Édition présentée et annotée par Catherine Lanone

11,00€

Publié en 1910, sous le titre anglais d’Howards EndLe legs de Mrs. Wilcox est le quatrième roman de Forster. Situé dans l’Angleterre du tout début du xxe siècle, qui est encore celle de l’Empire britannique et déjà celle des débuts de l’automobile, le roman, à travers l’histoire des deux sœurs Margaret et Hélène Schlegel, fait se rencontrer, non sans heurts, trois familles qui représentent trois catégories sociales de l’Angleterre. Les sœurs Schlegel, filles d’un émigré allemand, représentent une grande bourgeoisie « cosmopolite », cultivée et « libérale » au sens anglais du terme, c’est-à-dire « de gauche », préoccupée par la question sociale et les droits des femmes ; les membres de la famille Wilcox, rencontrée au cours d’un voyage en Allemagne, sont, quant à eux, des industriels, parfaits représentants de l’Empire et du « libéralisme » britannique ; tandis que Leonard Bast, mal marié à la peu recommandable et pitoyable Jackie, est un petit employé londonien qui aspire à la culture sans en avoir les moyens. Avec plus de maestria encore que dans les romans précédents, Forster parvient merveilleusement à allier la comédie (et même la satire) sociale à son désir de poser dans le roman, à travers ses personnages, la question de la réalité, qui ne s’atteint que dans l’accomplissement intégral de soi. Virginia Woolf écrit à ce propos : « À nouveau, mais sur un terrain de bataille plus vaste, se poursuit le combat que l’on trouve dans tous les romans de Forster — le combat entre les choses qui importent et celles qui n’ont pas d’importance, entre la réalité et les faux-semblants, entre la vérité et le mensonge. » Il faudra non seulement toute la patience de Margaret Schlegel, mais aussi la violence des événements, pour que son désir de « mettre du lien » entre les choses et les êtres (« relier suffit » est la devise du roman), qu’elle met en pratique en épousant Mr. Wilcox, finisse — comme dans Le plus long des voyages — par aboutir à une harmonie retrouvée, loin de la trop moderne Londres : les trois familles se réuniront enfin en la personne de Tom, le fils adultère d’Hélène et de Léonard, à Howards End, dans la maison de campagne que la vieille Mrs. Wilcox avait souhaité léguer aux Schlegel. 

Le livre fut un immense succès public dès sa parution. Mais, comme l’a très bien noté David Lodge dans sa préface à l’édition Penguin du roman, en 2000, s’il dépeint avec une parfaite exactitude l’Angleterre d’avant la Première Guerre mondiale, sa manière de mener le débat entre les valeurs de « l’intelligentsia de gauche » que l’on pourrait qualifier « anachroniquement » d’écologiste, représentée dans le livre par la famille Schlegel, et celles de la bourgeoisie capitaliste reste d’une étonnante actualité. Il a été adapté avec succès au cinéma en 1992 sous le titre Retour à Howards End par James Ivory, avec Vanessa Redgrave, Emma Thompson et Anthony Hopkins. 

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